Lorsque
Jean Rédélé, un ex-concessionnaire de la
régie Renault et pilote à ses heures perdues, fonda
Alpine, il rêvait de créer une voiture économique,
fiable (ce qui explique l'utilisation de pièces Renault)
et performante. Le début de cette formidable aventure débuta
avec l'Alpine A106, qui dérivait de la Renault 1062 (autrement
dit la 4CV). Si les sensations sportives offertes par cette A106
étaient appréciables, on était encore loin
de ce que aurait voulu le créateur de la firme dieppoise.
La A106 arrivant vite à ses limites techniques, il était
logique que cette dernière céda sa place à
la A108, puis à la A110, plus connues sous le nom mythique
de Berlinette Alpine.
La
Berlinette Alpine, présentée à l'occasion
du Salon de Paris en 1962, doit sa ligne au designer italien Michelotti.
Elle a été modifiée et équilibrée
à Dieppe, mais celle-ci n'était que partiellement
nouvelle, puisqu'elle ne différe de la A108 que par son
arrière redessiné afin de recevoir de plus gros
moteurs, comme le 1300 cm3 de la Renault 8 Gordini. La ligne de
la A110 n'évolua que très peu au cours de sa carrière.
Ainsi, lorsque apparu la 1600s, en 1970, seule la face avant avait
légèrement évoluée, en adoptant deux
paires de longues portées, bien utiles en compétition
de nuit, lorsque l'on sait que les belles bleues écumaient
les rallyes de France et d'Europe (ce qui est encore vrai de nos
jours).
A
bord de la 1600s, on retrouve un habitacle identique aux autres
Berlinettes, à savoir étroit, inconfortable et mal
fini. Quant à la visibilité, elle demeure trés
limitée. Mais qu'importe, l'essentiel est ailleurs comme
le démontre l'ergonomie pensée avant toute chose
pour le pilotage. Le coffre? Oubliez-le! En effet le compartiment
arrière accueille le moteur, tandis que l'avant fait place
au radiateur et a un réservoir d'essence supplémentaire.
Pourtant
à la vue de ce coupé, rien ne laisse présager
qu'il dispose d'un tempérament de feu. En effet, cette
A110 qui dispose d'un châssis poutre noyé dans le
polyester de la caisse, dérive étroitement de la
Renault 8 à qui elle emprunte les suspensions, les 4 freins
à disques, les trains roulants, les feux arrières,
ainsi que le concept du " tout à l'arrière
". Cependant, cette Alpine a reçu quelques aménagements
qui lui sont spécifiques. En effet, si le train avant demeure
suspendu par des amortisseurs télescopiques de Renault
8 Gordini qui reposent sur des triangles suspendus (+ barres antiroulis),
le train arrière est quant à lui, un demi-arbre
oscillant qui se compose de 4 amortisseurs télescopiques
et de deux ressorts hélicoïdaux.
Le
moteur et la boîte à 5 rapports de cette 1600s, maintenus
comme la carrosserie par un treillis tubulaire, proviennent de
la Renault 16 TS. La mécanique d'une cylindrée de
1565 cm3 (1605 cm3 à partir de 1973) développe la
bagatelle de 125 ch à 6000 tr/min et un couple maximum
de 14,7 mkg à 5000 tr/min. A première vue il n'y
a rien d'exceptionnel, il ne s'agit là que d'un quatre
cylindres Renault, sauf que la Berlinette ne pèse que 715
kg, soit un rapport poids/puissance de 5,72 kg/ch. Ayant une vitesse
maximale de 205 km/h et capable d'abattre le 1000 m départ
arrêté en 29''4, les performances offertes par la
belle Dieppoise demeurent , aujourd'hui encore, impressionnantes,
d'autant plus que les sensations ne sont pas aseptisées
! Sportive pure et dure, la Berlinette n'épargne rien à
ses deux occupants, pas même les bruits et les odeurs de
la mécanique. Pas vraiment taillée pour l'autoroute
où son train arrière demi-oscillant manque de stabilité
en ligne droite, la A110 1600s n'exprime son talent que sur routes
sinueuses, à condition toutefois de savoir piloter.
La
berlinette vole de virage en virage à des vitesses folles.
Sa direction à crémaillère directe et précise
permet de placer idéalement la voiture en virage et le
train arrière demi-oscillant - dont le carrossage est ouvert
à 3°- permet d'opérer de belles glissades afin
de suivre le train avant. Si le châssis affûté
permet une bonne tenue de route, il faut néanmoins avoir
de sérieuses notions de pilotage, le pont autobloquant
n'étant qu'une option, et la voiture étant d'un
naturel survireur, sur le mouillé notamment.
Le freinage de cette Alpine, est à l'instar de la R8, confié
à 4 freins à disques, ce qui est gage d'un freinage
puissant, mordant et endurant !
Comme
nous l'avons déjà évoqué, les berlinettes
Alpine - les 1600s notamment - ont écumé les différents
rallyes du monde et une voiture avec tant de talents ne pouvait
avoir un palmarès vierge. La légende veut qu'il
n'y ait pas un rallye qui n'ait échappé à
cette Berlinette, nous nous contenterons pour notre part de souligner
que la petite dieppoise remporta le Monte Carlo en 1971. Bien
qu'étant un véhicule de rallye homologué
pour la route, l'Alpine A110 1600s se montre relativement facile
à entretenir, d'autant plus que l'électronique -
source de problème sur nos voitures modernes - a oublié
de s'inviter à bord de la berlinette. Les pièces
mécaniques issues de chez Renault sont relativement fiables
à l'exception de la boîte de vitesse sujette aux
fuites et dont les synchros sont réputés fragiles.
Cette boîite de vitesses manque de surcroît de précision.
Il est bon de noter qu'une rénovation de la boite peut
dépasser les 2000 €
. A méditer avant
d'acheter une 1600s avec une boîte de vitesse fatiguée.
Pour le moteur, bien que pointu et poussé, ce dernier se
montre fiable à condition d'être méticuleusement
entretenu. Les vidanges devront être faites tous les 3000
km et la carburation réglée tous les 7000 km.
Outre l'entretien, il faudrait en principe vérifier lors
de l'achat l'absence de corrosion. En effet, si la carrosserie
en polyester est épargnée par la rouille (encore
que la caisse peut se craqueler avec le temps !), le châssis
peut se montrer sensible à la corrosion. Cependant, celui
ci étant noyé dans le polyester, il n'est pas simple
d'en vérifier l'état !
Belle,
performante et terriblement efficace, l'Alpine A110 1600s est
une sportive pure et dure comme on n'en fait plus (hélas
!)
Cette belle auto, qui a permis à de jeunes pilotes (dont
Jean Ragnotti) de trouver une machine à la mesure de leurs
talents, est très prisée sur le marché des
automobiles de collection. Une Alpine A110 1600s se négocie
aux alentours de 36500 €, mais la côte peut s'envoler
pour des voitures ayant un palmarès. Cependant, pour un
prix qui n'est finalement, pas aussi élevé que cela,
vous avez entre les mains une automobile de compétition
et d'exception.
Fiches
techniques de l'Alpine-Renault A110 1600s (1970-1973)
|
Nombre
de cylindres: 4 en ligne, 2 soupapes par cylindre |
Cylindrée:
1565 cm3 |
Puissance
fiscale: 9cv |
Puissance
maxi : 125ch à 6000tr/min
|
Couple
maxi: 14,7 mkg à 5000tr/min |
Distrubution:
1 ACL |
Alimentation:
2 carburateurs double corps Weber 45DCOE |
Vitesse
maxi: 205 km/h |
Reprises
de 80 à 120 km/h: N.C
|
1000m
D.A: 29"4 |
Poids:715
kg |
Rapport
Poids/puissance: 5,72 kg |
Pneumatiques:
165/70 HR 13 |
Boîte:
BVM 5 rapports |
Prix
à partir de 5152,78€ (33800 F neuf en 1971) |
Hatem
Ben Ayed alias Ramses2
(reproduction
interdite)
1/10/2004
Merci
à Kanter pour la 1° photo
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